Jacques Delhaie

 

               Artiste Peintre

   

  

 

Un art à la croisée de plusieurs tendances 

 

      En décalage stylistique avec son époque mais d’une facture picturale qui le rattache à la tradition, son style témoigne simultanément de divers mouvements : symbolisme, surréalisme, réalisme. Par son perfectionnisme, le souci du détail et sa maitrise technique le font évoluer ; ajoutant des effets de trompe-l’œil qui participe au trouble de la création, le support devient le ‘théâtre’ dans lequel s’inscrit l’œuvre. Ainsi le support est à la fois présentation et représentation de lui-même et tout autant porteur de sens.

     Les symboles sont récurrents et leurs connotations traduisent ses états d’âme et ses aspirations. Soit, Il entre en réaction face à lui-même ou face au monde et à la société dans ce qu’elle a de plus effroyable (la faim dans le monde, les guerres, crimes, viols etc.).

      Humaines ou non, figuratives ou anthropomorphes, les formes peuvent être déchiquetées, déchirées, convulsives, percées de résurgences. Les objets figuratifs de ses compositions incarnent tantôt des agressions ressenties par l’auteur, leurs intrusions dans la toile en atteste : clous, fil de fer barbelé, couteau, le verrou (les interdits), tantôt  des signes positifs : perle, œuf, livres, nature, ouvertures (fenêtre, image, tableau) …  Le dialogue entre les éléments disparates modifie le sens de ce qui est montré ; leurs relations  deviennent complexes, par leurs dispositions spatiales et par l’échelle de représentation.

       Les compositions tourmentées sont des mises en scène poétiques élaborées. Elles traduisent un monde chancelant : Les plans basculent dans un espace disloqué où l’horizon chavire, où la représentation de l’espace se trouve quelquefois fragmentée, discontinue, imbriquée, déstabilise et témoigne de la traduction de ses angoisses. Le système plastique renvoie  à des dichotomies plus générales (dedans/dehors, plein/vide, ouvert/fermé).

       Objet sensuel ou érotique, après les métamorphoses, le corps régénéré subit le temps qui passe que symbolisent les matières représentées :  les pierres fissurées, l’effritement du support, les murs lézardés et les fausses coulures de peinture, la rouille (signe de l’empreinte du temps, trace du vécu, d’agressions, de dégradations mais aussi de souillures, d’altérations).Rien n’est fixé, les compositions, les recherches plastiques évoluent dans un va et vient permanent.

       Souvent présent dans l’œuvre par un détail plus ou moins important, le peintre est l’œil qui observe, affirme par sa présence, son statut d’auteur et témoigne de ses états d’âme.

        

 

Les toiles de Jacques Delhaie interpellent

 

      Ses petits paysages peuplés de formes organiques qui représentent la souffrance sont des exercices préparatoires à la réalisation des grands formats. Jacques Delhaie est un peintre témoin de son temps qui a choisi la peinture pour exprimer ses angoisses et livrer ses états d'âmes devant l'absurdité du monde quotidien. Sa peinture figurative dénonce la façon dont l'aide humanitaire est distribuée, et, l'exploitation médiatique qui en est faite par la presse télévisée. C'est aussi une évocation du terrorisme aveugle, de la prise d'otage, de l'enfance malheureuse du Tiers Monde démunie de tout.

       Dans une de ces toiles, par un jeu d'opposition entre les plaisirs de l'enfance comme l'amour maternel, il nous livre le regard rempli de détresse privé de tout, de nourriture mais aussi de l'accès à la culture symbolisé par le livre sur la table. Le décor factice et décoratif de la nappe contraste avec la réalité du quotidien. Le monde angoissé du peintre ne se livre pas d'emblée au premier regard; c'est un monde peuplé de symboles et de clés qui nous permettent d'entrer dans l'œuvre comme le damier (échiquier où se joue le monde), le sein qui représente l'aide matérielle humanitaire, les lunettes noires d'un monde aveugle ou la colombe pendue qui s'est prise à son propre piège.